Le développement de l'auto-organisation sportive dans trois villes suisses : acteurs, territoires et pouvoirs publics

L'observation de la réalité sociale atteste aujourd'hui de l'émergence d'un double phénomène: en premier lieu, celui d'une société de plus en plus sportive; en second lieu, celui de la multiplication et de la différenciation des acteurs, opérateurs et prestataires sportifs qui débouchent sur un élargissement des pratiques réputées sportives. Cette &lq;dilataion&rq; de la société sportive a souvent été analysée dans la perspective d'un rejet des structures et organisations traditionnelles et d'une montée des individualismes, mais plus rarement sous l'angle d'un renouvellement des engagements socio-sportifs, impliquant production de projets, de normes et de règles. Le travail présenté ici vient éclairer, à travers une étude empirique conduite dans trois villes suisses, les dynamiques de mise en oeuvre d'un certain nombre de lieux d'une nouvelle production sportive. Celle-ci se caractérise par la mobilisation de jeunes urbains insérant des initiatives à vocation sportive à l'intérieur de projets-réseaux d'activités croisant du culturel, de l'artistique et du multimédia, eux-mêmes étroitement associés à la poursuite d'objectifs de développement personnel, d'insertion économique et de promotion de la solidarité. Deux constats ressortent avec clarté de ces investigations. En premier lieu, le sens de bon nombre des nouveaux engagements sportifs est à rechercher dans des formes renouvelées d'associationnisme juvénile. En second lieu, si ces projets semblent échapper aux acteurs et aux appareils de l'institution politico-sportive, ils n'en relèvent pas moins de dispositifs dans lesqueles les pouvoirs publics ont pris une place non négligeable.