Les migrations internationales des footballeurs

Dans le football professionnel européen, les joueurs, parce qu'ils changent souvent d'équipe, connaissent une très forte mobilité. A partir d'une définition applicable au terrain footballistique des concepts de globalisation, de transnationalisme et de circulation migratoire, cet ouvrage propose un cadre théorique pour rendre compte de ces mouvements. L'approche adoptée, en mettant en exergue la dualisation de l'économie du football en cours dans le contexte de la globalisation, souligne la nécessité pour un nombre grandissant d'équipes d'avoir recours à des joueurs « bon marché » provenant de pays défavorisés. A cet effet, à l'image des entreprises multinationales, de nombreux clubs européens, ainsi que les agents de joueurs, tissent « par le haut » des réseaux transnationaux visant à une délocalisation du recrutement et de la production des footballeurs. Les joueurs ainsi transférés se trouvent pris dans un système spéculatif dans lequel les clubs européens poursuivent une stratégie visant à l'obtention d'une plus-value à travers une revente. De cette manière, les migrations des footballeurs provenant de pays du Sud prennent de plus en plus souvent une forme circulatoire. Ce cadre analytique est exemplifié de manière qualitative à travers le cas des footballeurs camerounais en Suisse (Timothée Atouba, Augustine Simo, Hervé Tum, Samuel Ojong, Armand Deumi, Jean-Pierre Tcheutchoua, Frédéric Ayangma, Achille Njanke). A la lumière de différents concepts proposés par divers auteurs dans le cadre du paradigme de la « mobilité » et du paradigme « transnational » dans l'étude des migrations, les footballeurs-migrants africains sont définis comme des mercenaires crossborders vivant à l'étranger dans une situation d'enclavement dans la transmigration. D'autre part, la reconstruction de leurs trajectoires migratoires fait apparaître a précarité dans laquelle leur circulation a souvent lieu, ainsi que les différentes formes d'abus et de discrimination. A travers cet ouvrage, la dimension humaine des migrations des footballeurs africains émerge ainsi au grand jour.