Glisser dans la ville

«Les sports de rue marquent une importante mutation dans les relations que leurs adeptes établissent à l'espace de la ville, au temps social et au pouvoir politique. Le détournement ou l'appropriation d'espaces urbains à des fins sportives, la découverte et l'exploration de périmètres géographiques très vastes caractérisent skatboarders et rollers. S'ils utilisent les équipements qu'ils ont eux-mêmes réalisés ou ceux que les municipalités mettent à leur disposition, ceux-ci ne se substituent pas au plaisir de virées dans des territoires plus vastes, qui laissent la place à l'improvisation, au détournement d'usage et à la créativité. Les «spots» des skaters se déplacent, changent, sont éphémères, mobiles comme leurs rendez-vous. Les responsables politiques qui voudraient «faire quelque chose» pour les pratiquants des sports de glisse urbaine sont hésitants car ces derniers ne demandent rien. La distance entre le discours des uns et des autres est colossale. Comment comprendre ces jeunes, établir le contact au-delà du fossé?» (Eliane Perrin). A partir de ces questions, le colloque, intitulé «Les politiques sportives à l'épreuve des sports de rue», s'est tenu au CIES les 18 et 19 septembre 1997, regroupant quelques-uns des meilleurs spécialistes francophones, ainsi que des acteurs publics. Les skaters glissent dans la ville, et la ville elle-même glisse vers le terrain de jeu. Les chercheurs et les acteurs urbains s'interrogent: faut-il freiner ou épouser ce mouvement qui, dépassant le phénomène de mode, s'inscrit aujourd'hui comme un mouvement social?